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Dossier

ÉCRIRE, ENCORE ET TOUJOURS

Par - Publié en février 2018
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De nouveaux auteurs littéraires s’affirment chaque année. En espérant connaître le succès de ces quatre plumes incontournables.

Ces dernières années, la littérature togolaise a connu un véritable boom, grâce à l’éclosion d’une kyrielle d’éditeurs locaux. Parmi plus d’une vingtaine d’auteurs du cru, quelques noms commencent à se distinguer, à l’instar de Kokouvi Dzifa Galley (finaliste du Prix RFI Théâtre en 2016 puis 2017), Koffi Boko, Joël Amah Ajavon, ou encore Anas Atakora. Ce dernier, doctorant dans une université canadienne, s’affirme comme un grand espoir de la poésie. Mais les critiques s’accordent à dire que le meilleur de la production littéraire est porté par un petit nombre d’auteurs togolais résidant à l’étranger. Cette vague d’écrivains de la diaspora s’est révélée vers les années 90 dans le sillage des ouvertures démocratiques en Afrique. En attendant que de nouveaux talents se fassent connaître par-delà les frontières, voici quatre plumes incontournables.
 
Sami Tchak Sexe et liberté
À 58 ans, c’est le plus prolifique des auteurs togolais. Sami Tchak édite son premier roman, Femme infidèle (NEA-Togo) en 1988, où il relate les subterfuges d’une musulmane pour échapper aux contraintes d’une société islamique et phallocratique. S’en suivra la publication en France de sept autres romans, dont Le Paradis des chiots (Mercure France, 2006, Prix Ahmadou Kourouma). Il reçoit en 2004 le Grand Prix de littérature Afrique pour l’ensemble de son oeuvre. Sociologue de formation, épris de littérature latino-américaine, Sami Tchak se distingue par un imaginaire libertin dans ses romans. Une philosophie, selon lui, gage de la bonne santé d’une société démocratique. Ses derniers ouvrages (L’Éthnologue et le Sage, Éditions Odem, septembre 2013 ; Ainsi parlait mon père, Éditions JC Lattès, 2018) marquent un retour sur ses origines avec un questionnement autour du savoir africain.
 
Kossi Efoui L’enfant terrible
55 ans, mais toujours rebelle, jusqu’au style vestimentaire hippie. Utile provocateur, Kossi Efoui est considéré comme l’enfant terrible de la littérature togolaise. Polémiste à souhait, il a déclaré au cours du festival Étonnants voyageurs à Bamako que « la littérature africaine n’existe pas », tout comme l’Afrique, d’ailleurs ! Son oeuvre théâtrale et romanesque, s’inscrit dans une démarche de rupture. Pour lui, l’espace politique reste à inventer sur le continent afin de l’ancrer dans la modernité. Son dernier roman, Cantique de l’acacia (Seuil, 2017) ritique la situation sociopolitique au Togo et porte un regard au vitriol sur l’impact des rencontres de l’Afrique avec l’Occident. Kossi Efoui est l’écrivain togolais, voire africain, le plus étudié dans les milieux universitaires en France, au Canada et au Togo.
 
Kangni Alem Questionner l’histoire
Complice de Kossi Efoui sur le plan intellectuel, Kangni Alem avait été consacré, à 23 ans, Grand Prix RFI du Théâtre africain grâce à sa pièce Chemins de croix, rédigée en pleine lutte populaire contre le régime d’Eyadéma. Depuis, Kangni Alem a confirmé ses qualités de dramaturge. Atterrissage porte sur la scène les tourments de la jeunesse africaine attirée par les lumières occidentales. Son premier roman, Cola Cola Jazz (Dapper, 2002), couronné du Grand Prix de littérature Afrique 2003, parle de révolte et d’envies de liberté. Avec Esclaves (JC Lattès, 2009), il aborde le passé de l’Afrique et met en lumière le sujet de la mémoire dans les sociétés africaines. Il préconise de questionner sans oeillères le passé et de rétablir la vérité historique pour mieux construire le futur. À 51 ans, Kangni Alem est le seul écrivain togolais de renom à faire le chemin inverse de l’exil. Revenu au pays, il est aujourd’hui enseignant à l’université de Lomé et conseiller culturel du chef de l’État.
 
Théo Ananissoh Le moraliste
Théo Ananissoh a huit romans à son actif. Il réside en Allemagne et son univers romanesque est imprégné de philosophie kantienne et allemande, de cette lutte constante entre le bien et le mal, ce dernier devant être éradiqué de façon radicale. Ses romans constituent une charge contre la dictature militaire, la corruption, les élites incultes, et l’absence de liberté. Ses derniers romans, Un reptile par habitant (Gallimard, 2007), Le Soleil sans se brûler (Elyzad, 2015) et Délikatessen (Gallimard, 2017) sont les plus emblématiques de cette pensée.