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Portfolio

Africa 21 siècle
Le continent grand angle

Par Fouzia Marouf - Publié en janvier 2021
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C’est à la fois un beau-livre, une encyclopédie et un voyage.

Africa 21e siècle, Ekow Eshun, éditions Textuel, 272 pages, 55 €. Photographie de Lina Iris Viktor. COURTESY DE L’ARTISTE ET MARIANNE IBRAHIM GALLERY, CHICAGO 
Africa 21e siècle, Ekow Eshun, éditions Textuel, 272 pages, 55 €. Photographie de Lina Iris Viktor. COURTESY DE L’ARTISTE ET MARIANNE IBRAHIM GALLERY, CHICAGO 

Plus de 300 reproductions d’œuvres de 51 artistes, pour aller à la rencontre de la photographie africaine des vingt dernières années. Les grands sont là, les portraitistes maliens, les Pieter Hugo, Zanele Muholi, Omar Victor Diop, Leila Alaoui, Hassan Hajjaj, Kader Attia ou encore François-Xavier Gbré, Santu Mofokeng… Ce travail unique sur le 8e art est présenté par Ekow Eshun, journaliste britannique et commissaire d’expositions reconnu.

À travers différents chapitres (« Villes hybrides », « Zones de liberté », « Mythe et mémoire » et « Paysages intérieurs »), l’auteur se lance dans ce décryptage visuel continental, où les photographes, artistes bien plus que reporters, proposent une néoesthétique subjective, contemporaine et assumée. « Africa XXIe siècle tire son inspiration des travaux de l’économiste sénégalais Felwine Sarr, qui engagent à considérer une nouvelle manière de comprendre l’Afrique […], renouvelée, engendrée par les artistes, les penseurs et les acteurs culturels », souligne avec force Ekow Eshun dans son introduction.■

 

LEILA ALAOUI

Leila Alaoui • Tameslohte, près de Marrakech, Maroc, 2011.

Leila Alaoui nous emmène aux portes du désert marocain avec ce portrait d’un jeune Berbère plein de justesse. Dignité et héritage de la tradition se reflètent dans sa série intimiste Les Marocains, inspirée des Américains de Robert Frank. La Franco-Marocaine a été tuée en 2016 à Ouagadougou lors d’une attaque terroriste, alors qu’elle était en reportage pour le compte d’Amnesty International.

 

Andrew Esiebo • L’arrêt de bus de Tafawa Balewa Square, Lagos, 2015-2019.

Courtesy Andrew Esiebo

Impitoyable, chaotique, Lagos a été saisie entre 2015 et 2019 par le Nigérian Andrew Esiebo. Grouillante de vie, aux prises avec la frénésie urbaine, elle pourrait être la plus grande métropole du monde en 2100 ! La série Mutations, à l’esthétique hybride, lui rend hommage.

 

Kader Attia • Rochers carrés, 2008.

Courtesy de l’artiste et Galerie Nagel Draxler

Politique et poétique, cette image signée par le Franco-Algérien Kader Attia renvoie à la métaphore d’une frontière « hermétique » entre l’Algérie et l’Europe. Ce bout de plage, à Bab el Oued, est un haut lieu de rencontre pour la jeunesse rêvant d’un ailleurs. La même absence de perspectives existant en France, il compare ces rochers aux murs de béton de la banlieue parisienne dans laquelle il a grandi.

 

François-Xavier Gbré • Piscine III, Bamako, 2009.

© François-Xavier Gbré

Le Franco-Ivoirien Francois-Xavier Gbré s’est rendu célèbre par ses images d’édifices vides. À travers son œuvre aussi singulière qu’inattendue, il raconte l’histoire passée et contemporaine des villes africaines. Et ravive la mémoire collective de lieux défraîchis, nés d’une « percée de l’Afrique » et laissés à l’abandon…

 

Omar Victor Diop • Un homme marocain (1913), 2014.

© Omar Victor Diop, Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris

Cet autoportrait du Sénégalais Omar Victor Diop est extrait de sa série Diaspora, qui interroge la visibilité de la présence noire dans l’art occidental. Chaque portrait instille une référence anachronique au football, sport apportant la gloire mais ramenant constamment le sujet à sa « différence ». Ce photographe de renom international a hérité cet art de la mise en scène de ses pairs Mama Casset et Meïssa Gaye.