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Hashim Sarkis,
Commissaire de la 17e biennale de venise

Par Luisa Nannipieri - Publié en juillet 2021
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« Les projets africains OUVRENT LES YEUX au public » JUSQU’AU 21 NOVEMBRE, Venise accueille la 17e Biennale d’architecture. Une édition intitulée « How Will We Live Together? », qui interroge sur les problèmes de notre société. Parmi les 112 participants de 46 pays, on retrouve beaucoup de jeunes cabinets africains, comme Atelier Masomi (Niger) ou Cave_Bureau (Kenya). Nous avons rencontré le commissaire de l’événement, Hashim Sarkis, architecte libanais et professeur au MIT.

AM : Mis à part l’Égypte, les pays africains n’ont pas de pavillons nationaux cette année. Quelle est la place du continent ?

DR - ANDREA AVEZZÙ COURTESY OF LA BIENNALE DI VENEZIA
DR - ANDREA AVEZZÙ COURTESY OF LA BIENNALE DI VENEZIA

Hashim Sarkis : Le problème des financements a pesé énormément, et en effet, malheureusement, beaucoup de pays n’ont pas pu participer. Mais je tenais à ce que l’Afrique ait une place importante, parce qu’on y retrouve toutes les problématiques dont l’on parle : le climat, les migrations, les polarisations politiques et économiques… Les sections « Among Diverse Beings » et « As One Planet » s’ouvrent avec deux projets du continent, car je pense vraiment qu’ils ouvrent les yeux du public sur le passé et le futur. Mais on parle aussi d’Addis-Abeba dans la série d’études hors concours « Co-Habitat », et pas mal d’autres projets abordent la question des migrations sur le continent. Étant moi-même réfugié, je crois que vivre en transition aujourd’hui est devenu une condition normale. C’est la nouvelle citoyenneté, et il faut reconcevoir les espaces sous ce jour.

Les invités ne sont pas forcément très connus et beaucoup sont jeunes. Comment les avez-vous sélectionnés ? 

Cette édition part d’un questionnement, mais on voulait surtout présenter des solutions, des idées innovantes. Et ce sont les citoyens qui vont les trouver, nous proposer de nouvelles façons de vivre ensemble. C’est ce que je cherchais quand j’ai choisi les participants, et j’ai trouvé beaucoup de jeunes avec des idées formidables, qui mélangent artisanat et nouvelles technologies. Ils ont apporté des projets inattendus.

Alasiri: Doors for Concealment or Revelation, Peju Alatise, 2020.
Alasiri: Doors for Concealment or Revelation, Peju Alatise, 2020.

Peju Alatise (Niger) est plasticienne et poète, Paula Nascimento (Angola) et Mpho Matsipa (Afrique du Sud) effectuent des recherches dans les domaines de l’urbanisme et de la mobilité… C’est une biennale très artistique, et il se trouve que la plupart des invités africains sont des femmes. Est-ce un choix ou un hasard ? 

Les deux [rires] ! On a veillé à ce que tous les ateliers soient menés ou coanimés par une femme, et environ les deux tiers des invités sont des femmes. On ne voit pas encore une majorité de femmes à la tête des cabinets, mais ça avance tout doucement. Mon but était de présenter des idées qui parlent d’un futur différent, et il se trouve tout simplement que les Africaines ont beaucoup d’idées