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Infrastructures : cap sur la modernisation

Par François.BAMBOU - Publié en août 2018
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Développement de la façade maritime, transport, eau, énergie… Le programme d’équipements a connu un nouvel élan grâce à une stratégie de long terme mis en place par l’État.

Passée la crise économique des années 1990- 2000, le président Paul Biya, dans le cadre de la modernisation du pays, a décidé de donner un coup d’accélérateur sur le plan des infrastructures. Pour y arriver, un document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) a été élaboré et mis en œuvre en 2010 pour une période de 10 ans. Selon Louis-Paul Motaze, ministre de l’Économie au moment de l’élaboration de la stratégie de développement devant conduire le Cameroun à l’émergence à horizon 2035, « le DSCE avait pour première ambition de changer de paradigme par rapport au Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) en mettant une emphase sur les projets structurants dans le but de mettre en route une masse critique de grands projets. À la différence du DSRP, le DSCE met l’accent sur la création de la richesse durable et inclusive, de nature à améliorer structurellement notre économie, en offrant de meilleures conditions pour un véritable essor des investissements privés et relever le niveau de vie des populations. » Il explique ainsi lors d’un entretien avec la presse locale qu’il se dégage « un bilan positif et prometteur » de la mise en oeuvre du DSCE. Au nombre des bons points, le ministre souligne l’amélioration de la façade maritime du Cameroun par la mise en service d’une seconde place portuaire à Kribi, avec l’un des meilleurs tirants d’eau du Golfe de Guinée. En matière de transport, le pays a bitumé environ 2 000 km de routes (nationales, départementales et urbaines) et réalisé un deuxième pont sur le Wouri ainsi que les entrées Est et Ouest de la ville de Douala selon un profil autoroutier qui fluidifie le transit dans la capitale économique. D’autre part, environ 750 MW de nouvelles capacités de production d’énergie électrique ont été installées à travers le pays. Les problèmes des réseaux de transport et de distribution dont la vétusté ne permet pas d’amener toute cette énergie productible vers les ménages et les industries sont en cours de règlement. S’agissant du développement du numérique, le gouvernement a fait poser 6 500 km de câble de fibre optique tout le long du périmètre du Cameroun, et 2 400 km dans l’hinterland.

Enfin, pour les logements sociaux, les travaux sont achevés dans les camps SIC d’Olembé, Nkozoa et Biteng pour 1300 logements, tandis qu’à Douala, 1 200 logements ont été construits. Pour le ministre Motaze, ces réalisations ont eu un impact décisif sur la vie socio-économique des populations : « Il faut dire que les infrastructures de transport que nous avons réalisées permettent d’offrir de meilleures voies de communication à nos populations et à nos entreprises. En effet, plus de zones rurales sont désenclavées et reliées aux zones urbaines, facilitant ainsi l’écoulement des produits agricoles. Sur certains axes qui se parcouraient en une journée de voyage, l’on peut désormais faire le trajet en 2 heures et arriver à destination en toute quiétude. On note un regain de dynamisme au sein des populations qui étaient découragées du fait de la quasi-impossibilité d’écouler leurs productions agricoles.

Celles-ci peuvent désormais écouler leurs marchandises sur un marché plus vaste, du moment que plusieurs routes ouvrent sur les pays voisins. Nos populations urbaines ont pu noter la réduction des délestages et l’amélioration de la qualité de l’énergie qui leur est fournie. De même, grâce aux programmes d’électrification, le taux d’accès à l’électricité des populations des zones rurales s’est amélioré.

Le gouvernement est en train de réhabiliter l’ensemble du réseau de transport haute tension à partir des postes de production jusqu’aux principales villes du pays. Les réseaux de distribution moyenne et basse tension sont également en train de connaître un renouvellement général dans les grandes villes. Par ailleurs, la réalisation de grands projets hydroélectriques a notamment permis le développement florissant d’activités socioéconomiques connexes telles la pêche, l’élevage et le petit commerce général».

Un plan d’urgence triennal

Ayant constaté des lenteurs dans la construction de certaines infrastructures majeures du fait de la maturation insuffisante de certains grands projets, Paul Biya a lancé depuis 2015 un programme intermédiaire pour accélérer la mise en oeuvre des projets structurants. Baptisé Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance (PLANUT), cette opération financée à 1 000 milliards de francs CFA concerne, explique Louis-Paul Motaze, sept principaux domaines, dont la santé (construction des hôpitaux de référence dans les chefs-lieux des 8 régions – Bafoussam, Bamenda, Bertoua, Buea, Ebolowa, Garoua, Ngaoundéré et Maroua – et réhabilitation des plateaux techniques des hôpitaux généraux de Yaoundé et de Douala, ainsi que le CHU de Yaoundé), l’énergie, l’élevage (mise en place d’un programme spécial de distribution de semences, d’engrais et d’équipements agricoles, pastoraux et halieutiques en fonction des zones écologiques), les infrastructures routières (construction dans chaque région de deux axes routiers majeurs susceptibles de désenclaver les zones de production), la sécurité dans les grandes villes (construction des postes supplémentaires de gendarmerie et de police à Yaoundé et Douala), le développement urbain (construction de 100 logements sociaux dans chaque cheflieu de région) et l’eau (construction d’adduction d’eau dans 30 villes secondaires et/ou forage de 100 puits par région).

Au-delà des grands projets structurants, le gouvernement consacre une part croissante du budget aux investissements publics pour la construction d’écoles, dispensaires, routes rurales et autres équipements sociaux collectifs. Ayant constaté des retards dans le décaissement de ces crédits, retards dus aux lenteurs dans l’attribution et l’exécution des marchés, une nouvelle stratégie a été adoptée pour plus d’efficacité. L’objectif de cette stratégie mise en œuvre depuis 2016 est de « contribuer à régler le problème de la sous-consommation des crédits tout en  veillant à la qualité de la dépense publique ». Au nombre des innovations, un ensemble de réformes ont été conduites, grâce à un renforcement du processus de préparation du BIP avec un accent mis sur la maturation des projets, complété par la mise en place dans les 10 régions d’un dispositif d’accompagnement des projets qui rencontrent des problèmes de maturité, ainsi que des anticipations qui permettent que l’exécution du budget de l’État démarre dès le 1er janvier de chaque année, après les conférences de programmation des marchés publics. Cette réforme du budget d’investissement public prévoit également un accompagnement permanent de toutes les parties prenantes à l’exécution du BIP dans le but d’identifier et de lever les contraintes qui pourraient constituer des entraves à la bonne exécution des projets ainsi que le renforcement du rôle des autorités administratives locales qui président chaque mois des rencontres avec tous les acteurs.