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L’Afrique est forte, résiliente

Par zlimam - Publié en octobre 2020
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IIl y'a quelques temps, dans le monde d’avant, un ami subsaharien nous avait résumé de manière frappante la perspective historique : « Nous aurions pu être comme les Indiens d’Amérique, balayés par la puissance de l’Occident, réduits à des réserves sur notre propre territoire. Mais nous avons survécu, et nous sommes bien vivants. » Oui, l’Afrique a survécu, elle s’est émancipée, elle passe les tempêtes, résiliente. On lui prédit régulièrement le chaos, la crise, l’effondrement. Depuis les années 1960, l’afropessimisme est une valeur sûre… L’Afrique ne peut pas réussir… Pourtant, elle change, elle évolue, elle est là, peuplée de 1,2 milliard d’habitants. D’une certaine manière, elle est comme un centre du monde, un point de gravité au cœur de l’humanité, avec ses promesses, ses richesses, ses défis, les enjeux qu’elle porte. On parle, parfois un peu rapidement, d’émergence, de promesses du futur, de continent du XXIe siècle. Et puis, la Covid-19 est arrivée, portée par la mondialisation vers les côtes du continent.Le catastrophisme a repris ses marques médiatiques. L’Afrique, sous-développée, se devait d’être dévastée. « L’effet Pangolin », pour reprendre la note un peu hasardeuse d’un think tank du Quai d’Orsay. Pourtant, pour le moment, le continent est moins touché que le reste du monde. Le virus se propage par le voyage et l’Afrique reste malgré tout encore à l’écart des grands flux de passagers. Les États se sont montrés plus réactifs, plus organisés, plus habiles que prévu, malgré des systèmes de santé publique défaillants. Fermeture rapide des frontières extérieures, confinement « souple », isolation des grands centres urbains, sauvegarde des activités informelles, effort d’équipements médicaux… Certains pays sont nettement plus frappés que d’autres (Afrique du Sud, Algérie, Égypte…) mais une propagation incontrôlée et dévastatrice du virus n’est pas encore à l’ordre du jour. La crise sanitaire aura surtout révélé les fragilités économiques des États, leur dépendance à l’extérieur, à « l’Empire », pour les biens de consommation, pour l’alimentation, pour la valeur des exportations de matières premières… Mais l’(infra-)structure tient, l’Afrique ne s’effondre pas, la crise a aussi suscité une surprenante effervescence intellectuelle, artistique, politique, un débat vivant sur les paramètres de demain, les capacités de rebond et une nouvelle émancipation africaine.