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Un double anniversaire!

Par Emmanuelle Pontié - Publié en janvier 2019
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Et voilà, à chaque échéance calendaire, c’est la même galère. Il faut se torturer les méninges pour trouver une idée, un angle, un fil afin d’évoquer les années passées. Essayer de finir sur une touche joyeuse, tournée vers un avenir ensoleillé. Quelle barbe ! Mais bon, pas le choix. D’autant plus que cette fois, on fête quand même nos 35 ans. Ça rigole pas. Et attention, chaud devant ! On célèbre aussi les 20 ans de la rubrique « C’est comment ? ». Vous savez, l’édito caustico-rigolo dont le titre reprend une expression typique d’Afrique centrale, qui signifie l’étonnement, la colère, l’indignation. Au choix, et selon l’intonation choisie. Un titre qui m’avait été inspiré à l’époque par un colonel camerounais (qui avait de l’humour !).
Vous vous souvenez ? Le premier « C’est comment ? », c’était en octobre 1998. Avec, dès la première heure, notre fidèle dessinateur Dom ! J’avais plaisanté sur l’affaire Monica Lewinsky, et sur la stupeur générale en Afrique devant les effets ravageurs d’un tête-à-tête sulfureux entre une jeune femme et le président de la plus grande puissance mondiale de l’époque, Bill Clinton. Un ami ministre nigérien s’était exclamé : « Mais c’est quoi ça ? Une histoire aussi banale peut faire virer Clinton ? » D’où le « C’est comment ? » en question. 200 autres papiers sont parus depuis.
Un billet sans prétention qui chatouille un peu les travers africains (ou d’ailleurs) et pointe du doigt les petites manies drôles ou les systèmes qui ne fonctionnent pas. Et 20 ans plus tard, je me rends compte que le filon est inépuisable, même s’il faut quand même se creuser un peu la tête chaque mois pour trouver une idée nouvelle, et la tourner en dérision sans irriter quiconque. Ce qui n’est pas si simple. Je me suis souvent fait remonter les bretelles par des lecteurs susceptibles, qui s’étaient (injustement) sentis visés. Bref, tant pis pour eux. Comme le dit le dicton : y a que la vérité qui blesse !
J’ai une grande nouvelle à vous annoncer : vous allez devoir continuer à compter avec AM pendant de longues années ! DOM
 
Nous fêtons donc 20 ans d’édito, et 35 ans d’Afrique Magazine. Souvenirs, souvenirs. Passons pudiquement sur le coup de vieux (absolument mortel !) que l’on se prend immanquablement en pleine poire lorsque l’on feuillette les éditions d’hier, avec ces petites photos-portraits où l’on a deux ou trois décennies de moins, et où l’on fait vraiment… deux ou trois décennies de moins. (Oui, oui, Zyad Limam, toi aussi…) Mais c’est aussi en parcourant 35 ans de numéros que l’on prend conscience de la formidable aventure que l’on a vécue et que l’on vit encore, au rythme de l’actualité incroyablement dense du continent.
On se remémore les coups d’État, comme celui des trois putschistes en Côte d’Ivoire, une veille de Noël, le 24 décembre 1999, en Côte d’Ivoire, où l’on a dû gérer un bouclage en urgence, entre la dinde et les marrons. On se souvient de tous ceux qui sont partis, comme Édith Lucie Bongo, à qui l’on avait consacré une vingtaine de pages rétrospectives tout en photos, dans un numéro émouvant – qui fut l’une des meilleures ventes d’Afrique Magazine. Mais aussi des événements plus gais, comme les jolies mannequins ou les miss AM qui ont arboré leurs formes parfaites dans nos pages, ou encore les dizaines de succès littéraires, de films excellents, d’albums de super-stars, de victoires incroyables d’équipes de foot africaines.
Et bien sûr, ces 35 ans ont aussi été ceux des collaborateurs, talentueux ou moins, fidèles ou non, qui sont venus, partis, parfois revenus, restés. Mais à chaque fois, ils ont apporté leur pierre à l’édifice AM, avec leur regard, leur sensibilité, leur professionnalisme, leur connaissance du continent. Afrique Magazine, une école formatrice, pas toujours facile, exigeante. On se souvient aussi des nombreux coups de gueule, des portes qui claquent, des projets et des analyses qui divergent, des personnalités qui s’affirment. Des maquettes et des formules qui changent, évoluent, suivent l’air du temps, s’adaptent aux nouvelles exigences du marché et des lecteurs.
On pense encore aux tensions financières et aux crises multiples et variées qui traversent le continent, aux pays qui se ferment et se réouvrent au gré de leur actualité. Et on reconnaît que traverser 35 longues années en caracolant toujours en tête de liste des mensuels sur le continent, leader absolu et incontesté à ce jour, c’est drôlement fort quand même ! Alors, pour ce bel anniversaire, qui est d’abord le vôtre (car sans nos lecteurs fidèles, l’aventure n’aurait jamais eu lieu !), je voulais juste vous annoncer une grande nouvelle. La voici : vous allez devoir continuer à compter avec AM pendant de longues années ! Car 35 ans plus tard, nous avons des projets encore plus fous, des idées encore plus audacieuses et une pêche à toute épreuve.
Longue vie à Afrique Magazine et à nos super lecteurs, amis, soutiens, annonceurs. Bon anniversaire à tous. Et bonne lecture !