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Une croissance mieux distribuée

Par François.BAMBOU - Publié en novembre 2018
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Une nouvelle impulsion sera nécessaire pour gagner le pari d’une économie plus performante, capable de faire reculer durablement la pauvreté.

C’est sans faux-fuyant que le chef de l’État camerounais analyse la situation économique de son pays : « La conjoncture internationale défavorable, en raison notamment de la baisse persistante des cours des matières premières, a négativement impacté la croissance économique et le progrès social dans notre pays. Il en est en outre résulté des difficultés de trésorerie, dont les fournisseurs de l’État et particulièrement les petites et moyennes entreprises ont fortement pâti. » Une description qui campe l’ampleur des grands défis qui interpellent l’économie camerounaise : faire repartir la croissance vers un taux à deux chiffres comme le pays en affiche l’ambition dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, puis assurer une juste répartition des retombées de cette vitalité économique retrouvée, afin de faire face aux attentes sociales pressantes. Dès l’apparition de la crise, dans l’urgence, le Cameroun a signé en juin 2017 un accord avec le FMI, pour renflouer les réserves de change lourdement affectées par les importations des autres membres de la sous-région, dont le pays est solidaire dans le cadre de la Cemac. Ce programme qui incluait une série de réformes structurelles, couplées à la résilience de l’économie camerounaise qui tire avantage de sa diversification, a permis au pays de résister mieux que ses voisins aux effets négatifs de la conjoncture internationale. Malgré ces difficultés, le Cameroun est parvenu à maintenir le cap de ses ambitions d’émergence à l’horizon 2035 et à préserver les fondamentaux de ses finances publiques, sans pour autant pénaliser les entreprises. Globalement, il s’est agi de poursuivre l’optimisation de la collecte des revenus de l’État et de la rationalisation de la dépense publique, d’assurer le règlement prioritaire de la dette des petites et moyennes entreprises et de poursuivre l’amélioration de l’accès de ces PME au crédit bancaire.
Dans ce cadre, le ministre des Finances Louis-Paul Motaze a engagé depuis le mois d’avril dernier une série de paiements des créances des PME sur l’État. Une initiative fortement saluée par les opérateurs économiques.
 
Tirer les leçons de la crise
Le ministre Louis-Paul Motaze a également mené des concertations avec les principales organisations patronales, afin de fluidifier leurs relations fiscales avec l’État, et d’examiner le moyen de renforcer la confiance entre le secteur financier et les entreprises pour simplifier l’octroi des crédits aux entrepreneurs. Pour le ministre, même si la gestion vigilante du président Paul Biya a permis de prendre des mesures urgentes pour stabiliser la situation économique du pays, l’enjeu est désormais de tirer les leçons de la crise et de renforcer la diversification de l’économie afin de prévenir d’autres chocs exogènes : « Il s’agit donc désormais d’encourager et soutenir les entreprises de transformation, quelle que soit leur taille, car c’est la direction que le chef de l’État nous indique, lorsqu’il demande au Cameroun d’aller vers l’industrialisation. Ne l’oublions pas, quand on parle de pays émergent, il s’agit d’un pays industrialisé. Nous ne pouvons pas continuer à exporter des produits bruts, mais au contraire nous devons tout faire pour pouvoir transformer localement une partie de nos productions, afin de leur donner plus de valeur à l’exportation, tout en créant davantage d’emplois dans le pays », plaide le membre du gouvernement. La mise en oeuvre de ces programmes a eu le don de séduire le FMI, comme l’a fait savoir le directeur de son département Afrique, Abebe Aemro Sélassié, le 6 juillet dernier : « Le programme de réformes économiques et financières du Cameroun qui est appuyé par l’accord conclu avec le FMI au titre de la facilité élargie de crédit a considérablement contribué à reconstituer les réserves de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale), en dépit d’un rééquilibrage budgétaire moins prononcé que prévu en 2017. À terme, il sera important de continuer à élargir l’assiette des recettes non pétrolières, notamment en réduisant les exonérations fiscales, et en améliorant la qualité des dépenses afin de créer un espace budgétaire pour les dépenses sociales et les investissements prioritaires, tout en préservant la viabilité de la dette », a-t-il indiqué.
 
Promouvoir l’investissement
Pour ce qui est des infrastructures, forts des grandes réussites enregistrées dans ce domaine avec le lancement de chantiers autoroutiers et de voiries urbaines dans plusieurs régions, les différents responsables de l’administration sont déjà à pied d’oeuvre pour la préparation de la seconde phase du DSCE. « Notre Document de stratégie pour la croissance et l’emploi met une emphase particulière sur les infrastructures. C’est un choix délibéré, c’est un choix judicieux du président de la République de doter notre pays des infrastructures qui permettent au secteur privé de jouer pleinement son rôle. L’État a le devoir de créer le cadre propice à l’activité économique, de promouvoir l’investissement, d’encourager les activités commerciales, et de soutenir avec des mesures spécifiques cette dynamique de développement et d’accélération de la croissance », explique Alamine Ousmane Mey, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. D’ores et déjà, le président Biya a répertorié les ouvrages d’envergure qui devraient être les vitrines de son programme en matière d’infrastructures pour son nouveau mandat : les projets d’autoroutes Yaoundé-Douala (2e phase), Yaoundé-Nsimalen et Edéa-Kribi, en plus de la poursuite du maillage territorial avec un réseau routier moderne capable de stimuler les échanges et de donner plus de visibilité à ses résultats économiques.